Nous ne voulons pas d’un Christ peut-être merveilleux et idéalisé, mais dont le cadavre serait toujours gisant quelque part dans une tombe anonyme au fin fond de la Judée… Nous voulons, au contraire, du Christ selon les Évangiles, celui de la prédication apostolique, le Christ du dogme de l’Église, de Nicée et de Chalcédoine, le Christ de la tradition universelle, le Christ des saints et des martyrs. Pas plus qu’un Christ modèle, un Christ simple prophète ne nous serait guère plus secourable. En matière de prophètes — qu’il s’agisse de « nabi » selon l’original hébreu, ou de « prophètès » selon la version grecque — et surtout de gourous, de swamis et autres marabouts, l’humanité en regorge ; à tel point que, paraphrasant une célèbre parole de Jean Calvin, nous pouvons affirmer que l’esprit de l’homme est une boutique pour forger des prophètes de cette espèce, et ce depuis toujours. Le Christ qu’il nous faut n’est pas celui de la morale ni celui d’oracles exaltés, mais le Fils de Dieu, l’Agneau sans tâche qui, pour nous hommes et pour notre Salut, a effectué l’expiation des péchés. Je comprends fort bien que, pour l’esprit humain, arrogant et autosuffisant, une telle idée d’expiation soit inadmissible, si ce n’est inconcevable. Mais si le Christ n’est pas cette victime expiatoire, le Substitut et le Médiateur, le Prêtre qui est simultanément le Sacrifice, il n’a pas grand chose à apporter à l’humanité malheureuse, égarée et dévoyée dont nous faisons tous partie sans exception. Mais grâces soient rendues à Dieu, Il L’est !
Aaron Kayayan